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J’adore le Stoïcisme, que j’ai découvert en lisant ce livre A guide to good life, puis en lisant Ryan Holiday, la voix moderne du Stoïcisme.

J’ai étudié ensuite les écrits de Marcus Aurelius et de Sénèque, pour me rendre compte qu’on ressasse beaucoup d’anciennes sagesses.

Sénèque – Lucius Annaeus Seneca – était un philosophe et homme d’État stoïcien romain. Il est devenu l’une des figures les plus influentes de la période impériale romaine.

Plus de 2 000 ans plus tard, les écrits de Sénèque – comme ceux de Marcus Aurelius – impactent encore le monde aujourd’hui.

Si Sénèque a abordé la plupart des domaines clés de la vie, comme le bonheur, la richesse, la mort et les relations, il est surtout cité pour ses réflexions sur la façon de tirer le meilleur parti du temps dans son essai De la brièveté de la vie.

Dans cette lettre, je vous partage quelques leçons de vie de Sénèque, vous allez voir, c’est surprenant.

Le temps n’est court que si on le gaspille

Alors que Sénèque écrit sur la nature finie du temps, il soutient que c’est notre gaspillage du temps qui le rend court :

Ce n’est pas que nous ayons peu de temps à vivre, mais que nous en gaspillons beaucoup. (…) La vie est longue si vous savez l’utiliser.

Sénèque

Il enchaine pour nous dire ce qui est encore plus d’actualité de nos jours :

Les gens sont économes dans la garde de leurs biens personnels ; mais dès qu’il s’agit de gaspiller le temps, ils sont les plus dépensiers de la seule chose pour laquelle il est juste d’être avare.

Sénèque

On peut passer des heures à râler pour une égratignure sur une voiture ou quelque chose de matériel et de futile, mais on trouvera des justifications aux heures perdues à regarder défiler les vidéos ou les photos sur les réseaux sociaux.

Le temps est la seule ressource que l’on ne peut jamais récupérer.

Pour moi, mon temps est ce qui a le plus de valeur.

L’argent me sert à acheter du temps, alors que beaucoup passent leur temps à essayer de gagner de l’argent.

C’est normal, il faut bien vivre, reste à trouver la juste mesure, et à savoir se rappeler de ce qui compte.

Créez des récompenses immédiates pour des objectifs à long terme

Sénèque écrit :

Remettre les choses à plus tard est le plus grand gaspillage de la vie : il nous arrache chaque jour comme il vient, et nous prive du présent en promettant l’avenir. Le plus grand obstacle à la vie est l’attente.

Des recherches ont montré qu’on a tendance à surévaluer les récompenses à court terme par rapport à une progression vers des objectifs à long terme.

C’est le biais du présent, qui explique notre tendance à la procrastination.

Notre cerveau imagine deux versions de nous-mêmes : notre moi actuel et notre moi futur.

Les objectifs et la visualisation du futur planifient pour notre moi futur, qui valorise la discipline et les récompenses à long terme.

Mais notre moi actuel valorise la gratification à court terme, et se bat contre notre moi futur.

Et le plus souvent, il gagne.

Je l’avais abordé sous un autre angle dans cet article sur le moi idéal et le moi zéro.

Ce que disait Sénèque il y a plus de 2000 ans rejoint la série d’articles de cette semaine, sur l’importance de sortir des objectifs pour créer des systèmes.

Si vous l’avez ratée, voici la partie 1, la partie 2, la partie 3 et la partie 4. Vous pouvez aussi consulter cet article sur la pensée positive.

Contemplez la mort

La raison pour laquelle nous perdons autant de temps n’est pas une mauvaise gestion du temps.

C’est que nous oublions souvent que nous allons mourir.

Vous vivez comme si vous étiez destiné à vivre éternellement, aucune pensée de votre fragilité ne vous vient à l’esprit, du temps qui s’est déjà écoulé, vous n’en tenez aucun compte. Vous gaspillez le temps comme si vous puisiez dans une réserve pleine et abondante, alors que pendant tout ce temps, ce jour que vous accordez à une personne ou à une chose est peut-être votre dernier.

Sénèque

Sénèque soutient que notre perception de la mort affecte la façon dont nous vivons notre vie.

Plus nous percevons que notre mort est éloignée, plus nous sommes susceptibles de considérer le jour présent comme acquis et de perdre un temps précieux.

C’est pourquoi j’écris souvent à ma mort et que je parle de l’importance de la futurisation négative dans ma conférence et ailleurs. (quand je vous dis que personne n’invente rien sur ces sujets…)

Évitez de perdre du temps à planifier l’avenir

Sénèque soutient que nous perdons trop de temps à planifier l’avenir, au lieu de vivre dans le présent.

Tout le monde bouscule sa vie, et est troublé par la nostalgie de l’avenir et la lassitude du présent. Mais l’homme qui … organise chaque jour comme si c’était le dernier, n’a ni envie ni peur du lendemain.

Sénèque

Les recherches d’aujourd’hui montrent que Sénèque avait raison, c’est tout le thème de mon article sur les objectifs qui nous empêchent d’être heureux.

Ne soyez pas trop ambitieux

Sénèque soutient qu’une poursuite obsessionnelle d’objectifs et de réalisations, non seulement créera une vie misérable, mais raccourcira aussi considérablement sa durée :

Il est inévitable que la vie soit non seulement très courte mais aussi très misérable pour ceux qui acquièrent par un grand labeur ce qu’ils doivent garder par un plus grand labeur. Ils obtiennent laborieusement ce qu’ils veulent ; ils possèdent anxieusement ce qu’ils ont obtenu ; et pendant ce temps, ils ne tiennent aucun compte du temps qui ne reviendra plus jamais. De nouvelles préoccupations prennent la place des anciennes, l’espoir excite plus d’espoir et l’ambition plus d’ambition. Ils ne cherchent pas la fin de leur misère, mais changent simplement la raison de celle-ci.

Sénèque avait déjà conscience des biais des milieux du bien-être et de la course aux objectifs, au plus et au mieux.

Faut croire que le monde ne change pas tant que ça.

Préparez-vous au pire des scénarios

Sénèque suggère que l’une des meilleures façons de surmonter la procrastination est de pratiquer ce que les stoïciens appellent la Premaditatio Malorum.

Il s’agit de visualiser ce qui pourrait mal tourner à l’avenir.

En prévoyant à l’avance tous les pires scénarios possibles, vous avez plus de chances de rester concentré sur vos tâches les plus importantes et d’éviter les distractions qui vous font perdre du temps.

Encore un argument pour ce que j’appelle la stratégie du pire, ou pour les recherches sur l’inefficacité de la pensée positive.

Soyez fidèle à vous-même

Sénèque affirme qu’une vie vécue pour les autres n’est pas une vie du tout :

Vous ne devez donc pas penser qu’un homme a vécu longtemps parce qu’il a des cheveux blancs et des rides : il n’a pas vécu longtemps, il a simplement existé longtemps.

Ce n’est pas une coïncidence si le plus grand regret des mourants est d’avoir vécu la vie que les autres attendaient de nous, au lieu d’une vie fidèle à nous-mêmes.

Conclusion

La plupart des recettes magiques et des méthodes miracles qu’on voit ici et là existent depuis des siècles. Ce que disait Sénèque il y a plus de 2000 ans est ressassé à de nouvelles sauces marketings.

C’est normal, notre biologie et nos mécanismes ont peu évolué en 2000 ans.

Les anciens nous parlaient de connaissance de soi, de l’importance d’une philosophie de vie, de l’introspection et de l’autoquestionnement.

Sans doute bien plus efficace que toutes ces promesses miracles d’immédiateté qu’on peut voir ici et là.

Une vie entière est nécessaire pour apprendre à vivre, et – peut-être trouverez-vous cela plus surprenant – une vie entière est nécessaire pour apprendre à mourir.

Sénèque

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.