Le léger avantage ou The Slight Edge est un livre écrit par Jeff Olson.
Pour beaucoup de gens, ce livre n’a rien d’extraordinaire.
C’est parfois simpliste, trop de pages pour un message simple, trop inspiré de « The Coumpound Effect » (L’effet cumulé) de Darren Hardy, et il vaut sans doute mieux lire Atomic Habits de James Clear.
C’est en partie vrai.
C’est le problème des livres : on les apprécie en fonction de là où on en est sur notre chemin personnel. Je m’ennuie à mourir quand je relis des livres tant appréciés il y a 10 ans.
L’ordre dans lequel on les lit compte aussi, sans doute que si j’avais lu The Slight Edge après The Coumpound Effect et Atomic Habits, je l’aurais beaucoup moins apprécié.
Alors, pourquoi en parler ?
Parce que quelques principes ont transformé ma perspective sur le changement, la vie et mon état d’esprit. J’en parle souvent dans mes coachings et mes covisions, et j’ai envie de vous les partager ici.
La différence entre l’échec et la réussite
Le livre se résume en 1 phrase.
Pour réussir, il faut avoir confiance dans la force de l’effet cumulé des petites actions quotidiennes.
L’effet cumulé est l’idée que de petites actions, apparemment insignifiantes, conduisent à des résultats énormes au fil du temps.
C’est l’idée de l’article d’hier : on progresse en faisant un peu chaque jour des actions simples, pas trop éloignées de notre zone de confort.
La discipline, les habitudes et les systèmes maintiennent ces actions quotidiennes et favorisent l’effet cumulé.
Ce qui nous empêche de changer et de réussir est qu’on cherche trop souvent le “comment faire” : comment faire pour perdre du poids ? Comment faire pour se mettre au sport ? Comment me faire connaître ? Comment faire pour avoir plus de clients ?
On finit par passer notre temps à chercher des recettes meilleures que les précédentes ou de la motivation pour faire les choses dans la joie permanente.
Le secret de la réussite ne réside ni dans la joie, ni dans les recettes. C’est le thème de ma conférence, et si vous ne l’avez pas encore regardée, vous devriez. Rassurez-vous, le temps passe assez vite et c’est plutôt sympa à regarder.
Si les petites actions chaque jour permettent d’évoluer et de changer à long terme, elles posent 3 problèmes importants :
- Elles sont simples et ce qui est simple à faire est aussi simple à ne pas faire.
- Elles semblent insignifiantes.
- Leurs résultats ne sont pas immédiatement visibles.
Prenons quelques exemples d’échecs issus de ces 3 problèmes.
- Écrire 500 mots par jour est assez simple. C’est si simple qu’on peut se dire que ça n’est pas grave si on ne le fait pas. C’est si simple et si petit comparé à un roman de 300 pages et 90 000 mots que ça paraît dérisoire et insignifiant. Pourquoi perdre son temps pour si peu ?
- Faire un peu de sport chaque jour et manger un peu mieux n’est pas très compliqué, mais quand on a 20 ou 30 kilos en trop ça paraît dérisoire. On ne voit les effets de ces petites actions que bien longtemps après. On oublie que c’est de cette façon qu’on a pris les kilos en trop. Alors on ne change rien, à quoi bon ?
- Avoir de petites attentions quotidiennes pour son conjoint est facile, mais ça paraît moins prioritaire face aux difficultés, à la charge mentale du quotidien, aux problèmes avec les enfants. Alors on oublie et on se retrouve au bord du divorce des années après sans trop savoir pourquoi tout s’est dégradé.
Des exemples qui illustrent l’effet cumulé, il y en a des milliers. C’est presque le coeur de beaucoup de problématiques. S’y cachent souvent une perte de sens et un effet « à quoi bon » dévastateur pour le moral et la santé mentale.
L’échec vient de bonnes petites actions simples qu’on a oublié de faire ou de mauvaises petites actions simples qu’on continue de faire.
La route du succès et la route vers l’échec sont presque exactement les mêmes.
Colin R. Davis, chef d’orchestre anglais au London Symphony Orchestra
La différence entre les deux est minime, et choisir de faire ou de ne pas faire ces petites choses est ce qui sépare le succès de l’échec. C’est ça la discipline.
J’appelle cette différence entre la réussite et l’échec « Le piège de la simplicité ».
Si prendre conscience de ce piège a eu un impact important sur ma façon de voir la vie, c’est un autre point du livre qui a eu le plus d’effet : l’importance de développer une philosophie de vie.
Développer une philosophie de vie
Jeff Olson argumente qu’une philosophie de vie impacte notre attitude qui impacte à son tour nos actions et donc nos résultats. Jeff Olson reste focalisé sur la philosophie de l’effet cumulé : si on comprend le principe, notre vie change.
Ça n’est pas si simple évidemment, il vaut mieux savoir mettre en place des systèmes et des habitudes efficaces (pour ça lire Atomic Habits). Et même encore ça demande de l’attention et du travail.
Mais si j’aime tant ce livre, c’est que j’ai élargi cette idée de philosophie au changement, à ma façon de travailler et à toute ma vie.
J’ai fait de la philosophie de vie un mélange d’adages, de maximes, de principes et de guides de vie. Une forme de spiritualité simple et pragmatique à base de règles de vie.
Par exemple, « Fais attention à ce qui t’entoure » est un principe qui guide ma vie : il résume l’importance de l’influence sur mes états émotionnels et mes choix de vie.
Ce principe définit mon attitude vis-à-vis des gens et de mon environnement, ce qui définit mes actions et impacte ma vie sociale et professionnelle. Si je change ce principe et que je me mets à ne plus y croire ou à ne plus y faire attention, tout le reste changera aussi.
En résumé :
- Un changement de philosophie de vie mène
- à un changement d’attitude qui mène
- à de nouvelles actions qui donnent
- de nouveaux résultats.
Ces 4 lignes ont une influence dans tous les domaines de la vie.
En marketing, si votre client adhère à votre philosophie, son attitude changera et il deviendra client. Sauf que la plupart des gens cherchent à convaincre le client par le résultat et les actions. Si la philosophie ne change pas, rien ne peut se passer.
En thérapie, si votre client comprend et adhère à votre philosophie d’accompagnement – pas à vos conseils, à votre philosophie – son attitude sera différente, il sera plus engagé et actif ce qui le mènera à de nouveaux résultats, sans nécessairement avoir eu besoin de « travailler ».
C’est simple et génial comme concept.
Mais, que ce soit moi ou les autres, on a tendance à faire tout à l’envers.
On cherche de nouveaux résultats en cherchant de nouvelles actions, et…on s’arrête là. On se perd dans la quête du « comment faire », de recettes et de nouvelles promesses vues sur Internet.
La clé est de partir du haut : travailler la philosophie de vie d’abord.
Ceux qui vont mal ou qui échouent sont guidés par des principes de vies, en dehors de la conscience.
On appelle ça des croyances.
Mais la philosophie de vie est plus vaste que les croyances.
C’est une démarche spirituelle personnelle qui nous engage à respecter des principes qui impacteront nos croyances, même celles en dehors de notre conscience.
Le comprendre m’a ouvert les yeux.
J’ai regardé et interviewé ceux qui réussissent différemment : ils sont guidés par des règles de vie simples qui tiennent en 1 phrase. Leur discipline consiste à y prêter attention et à tout faire pour s’y tenir.
Ces règles libèrent de la charge mentale et permettent de se concentrer sur ce qui est important.
Elles réduisent le stress et le bruit, guident nos actions, améliorent l’état d’esprit, la façon de penser et aident à savoir dire non.
Questionnez les gens qui réussissent dans leurs domaines et vous verrez qu’ils ont tous des règles simples auxquelles ils ne dérogent pas.
J’en ai quelques-unes qui guident ma vie, en voici des exemples :
- Prends tes responsabilités, toujours, tout le temps, même si tu penses que ce n’est pas de ta faute.
- Rien n’est grave tout est important
- Sois toujours un étudiant
- Apprécie ce que tu as et rappelle-toi que tu peux le perdre
- Questionne et interroge tout
- Pose des intentions dans tout ce que tu fais
La liste est longue car j’ai pris le temps de le faire dans tous les domaines de ma vie, l’affectif, le personnel, le pro et les finances.
Ma façon d’accompagner, de coacher et de faire mes supervisions tient aussi en quelques principes. Je recommande d’ailleurs à mes stagiaires d’écrire quelques phrases courtes qui vont définir leur posture, leur attitude et leur façon d’accompagner.
C’est simple et puissant.
Avant de chercher la motivation, de se créer des objectifs, de chercher à installer des habitudes et des systèmes, de faire de longues thérapies ou de prendre des coachs, on devrait prendre le temps de définir ses principes de vie.
Presque tous les livres à succès du développement personnel ont réussi car ils donnent des principes de vie simples à appliquer.
Mark Manson dans l’Art subtil de s’en foutre, les 4 accords toltèques de Don Miguel Ruiz, 12 règles pour une vie de Jordan Peterson, les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent de Steven Covey.
Mais comme ils sont simples, on les oublie, car ce qui est simple à faire est aussi simple à ne pas faire.
La discipline, c’est éviter l’erreur de ne pas faire les choses simples et utiles à long terme.
Je pourrais continuer longtemps sur l’importance de la philosophie de vie, et j’y reviendrais sans doute d’une autre façon dans de futurs articles.
En attendant, pour vous faire gagner du temps et vous aider à mieux comprendre cet article, je vous ai adapté un des schémas du livre, en y ajoutant quelques modifications personnelles.