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Quand quelqu’un crie haut et fort qu’il détient la vérité, qu’il a vu la lumière, qu’on n’a rien compris, que tout ce à quoi on croit est faux, dans notre tête, ça fait du bruit.

Notre mental et nos émotions s’affolent.

On s’insurge, on se scandalise, on est choqué. On en parle avec des amis et sur les réseaux. Le bruit devient boucan. Les gens commentent, argumentent, jugent et critiquent.

Si ce bruit a parfois du bon, il est souvent dangereux.

Il nous fait oublier les silences mortels.

Le poison de la manipulation se cache dans ce qui ne fait pas de bruit.

Dans les idées qui passent les filtres de notre esprit critique. Parce qu’elles semblent vraies. Parce qu’elles sont jolies et qu’on a envie d’y croire. Parce qu’elles viennent de gens qui ont l’air respectables et qui font autorité.

Parce que la majorité y croit.

Ça ne fait pas de bruit.

Et cette absence, ce silence, nous consume.

Le bruit, on l’entend. On peut choisir de l’ignorer ou de lutter contre.

Mais que faire quand ce qui est dit ne fait pas de bruit dans nos pensées ?

Quand tout est calme, normal et accepté dans le silence de la normalité ?

Comment se défendre de ce silence qui nous fait croire qu’on n’est pas à la hauteur ? Qui nous enferme dans l’impuissance apprise ? Qui nous hurle qu’on n’a pas notre place ? Qui masque le mépris avec des sourires et des accolades ? Qui déguise les prisons en libertés ? Qui nous fait adhérer à l’idée que nos ressentis sont faux et que c’est de notre faute ? Qui nous formate au point de devenir méconnaissable ?

J’ai exploré des milliers d’histoires de vies et j’ai vu les bruits qui font mal : ces petites phrases destructrices, ces expériences traumatiques.

Mais j’ai vu bien plus de silences assassins.

Tout ce qui n’a pas été dit, qui affaiblit et emprisonne dans l’auto-critique.

Ces demandes de pardon qui n’ont jamais été entendues. Ces promesses qui n’ont fait place qu’à l’inaction. Cette reconnaissance restée absente. Ces vérités qui auraient eu besoin d’être entendues. Cet amour qui n’a jamais su s’exprimer sans le bruit sourd de la souffrance. Ces non-dits qui empoisonnent relations et familles. Ces silences laissés par ceux qui auraient dû nous aimer et nous protéger.

Le bruit des gourous et des mauvais manipulateurs n’est rien à côté et n’est pas vraiment dangereux. C’est ce qu’ils nous font croire en silence qui l’est. Ce qu’on n’entend pas.

Mais quand on tend l’oreille de notre esprit, on entend.

On entend le son que fait le silence.

On entend ces chuchotements qui nous appellent à la vigilance.

Ces voix qui hurlent leur protestation, mais qu’on a cachées si loin en nous qu’on n’en perçoit qu’un imperceptible écho.

Ces voix qui veulent nous faire entendre que quelque chose n’est pas juste, faux…

…ce « grr grr » qui murmure derrière nos biais, nos vides affectifs impossibles à combler, notre égo et nos espoirs perdus.

On y discerne ces cris masqués par le vacarme des peurs et de la honte, ces cris qui appellent à s’exprimer, à oser, à essayer et à continuer malgré tout.

Dans ces silences au milieu du bruit de nos pensées s’articulent notre liberté, notre intégrité, notre capacité à dire vraiment non et notre force d’être nous-mêmes.

Le silence a un son.

Il fait même un sacré boucan pour tous ceux qui savent l’écouter.

Bonjour l’obscurité, mon vieil ami
Je suis venu te parler à nouveau
Parce qu’une vision qui rampe doucement
A laissé ses graines pendant que je dormais
Et la vision qui a été plantée dans mon cerveau
Reste encore
Dans le son du silence

Dans des rêves agités, je marchais seul
Dans des rues étroites et pavées
Sous le halo d’un lampadaire.
J’ai tourné mon col vers le froid et l’humidité
Quand mes yeux ont été poignardés par l’éclair d’un néon
Qui a fendu la nuit
Et a touché le son du silence

Et dans la lumière nue, j’ai vu
Dix mille personnes, peut-être plus
Des gens qui parlent sans parler
Des gens qui entendent sans écouter
Des gens qui écrivent des chansons que les voix ne partagent jamais
Personne n’a osé
perturber le son du silence

« Imbéciles », dis-je, « Vous ne savez pas ».
Le silence, comme un cancer, se développe
Écoutez mes mots pour que je puisse vous apprendre
Prenez mes bras pour que je puisse vous atteindre »
Mais mes mots sont tombés comme des gouttes de pluie silencieuses
Et ont résonné dans les puits du silence

Et les gens se sont inclinés et ont prié
Au dieu du néon qu’ils ont créé
Et le panneau a lancé son avertissement
Dans les mots qu’il formait

Et le panneau disait : « Les paroles des prophètes
Sont écrits sur les murs du métro
Et les halls d’immeubles
Et chuchotés dans les sons du silence ».

Simon and Garfunkel – The Sound of Silence

Voici en bonus la version de Disturbed de « Sound of Silence », une des meilleurs reprises de la version originale.

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.