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J’ai découvert le golf quand j’avais 18 ans.

J’accompagnais le père de ma copine sur un mini-parcours. Un colonel de la marine nationale, dur, froid et distant.

Je n’arrivais pas à créer du lien avec lui.

10 ans qu’il jouait au golf.

Malin, je me suis dit que si je m’intéressais à sa passion, sans doute qu’on pourrait aller au-delà d’un bonjour glacial.

On était sur un petit trou d’une centaine de mètres, il m’a dit « Tiens, essaye » avec l’air supérieur de celui qui sait que le golf est difficile.

J’ai pris son club, j’ai tapé un coup, la balle est partie tout droit et a atterri à 20cm du trou, 110 mètres plus loin.

Ma mission de me faire apprécier par son père avait échoué.

Ce coup de chance m’a rendu amoureux du golf, et le golf me l’a bien rendu.

Il m’a transformé, et, dans ce billet, je vous partage quelques leçons que m’a enseignées le golf.

Elles me servent encore aujourd’hui.

Tu crées ce sur quoi tu te focalises

Au golf, s’il y a un obstacle d’eau et que vous vous dites « faut pas que ma balle aille dans l’eau », la balle ira dans l’eau 9 fois sur 10.

Le golf fait faire l’expérience immédiate qu’on crée ce sur quoi on se focalise.

Le golf fait faire l’expérience du piège de la pensée positive. Essayer de se faire croire que tout va bien se passer ne fonctionne pas si dans un coin dans notre esprit on pense à l’obstacle d’eau.

Le golf sait ce qu’on pense vraiment, il nous le renvoie en pleine figure.

C’est l’enseignement difficile du golf : ne pas se focaliser sur le résultat, avoir une vision presque réelle de ce qu’on veut obtenir, en réussissant à faire abstraction des obstacles et des risques.

Il faut les prendre en compte, puis les oublier.

Il faut réussir à jouer son coup sans penser au résultat, aux risques et aux conséquences.

C’est extrêmement dur, car au golf, on a le temps de penser.

Savoir attendre

Prenons un joueur moyen qui joue un parcours en 90 coups. C’est le weekend, il y a du monde, le parcours peut durer 5 ou 6h.

Sur cette durée, si chaque coup prend une dizaine de secondes, de la préparation au geste, le temps passé à jouer ses coups est de 15 minutes.15min de jeu sur 5 heures. Ça laisse 4h45 pour penser.

Et ces pensées sont rarement positives.

Pendant le temps entre chaque coup qui semble parfois durer une éternité, on réfléchit, on anticipe, on pense au prochain coup, au résultat de la compétition, on se dit qu’on est sur la bonne voie sur ce parcours, qu’on va pouvoir battre notre record, qu’on va pouvoir mieux faire, enfin réussir ce trou, ce parcours…

Les pensées fusent dans tous les sens.

On arrive sur la balle, on joue… et c’est la catastrophe. On décide de se calmer, on arrive sur la prochaine balle et… c’est pire. On cherche à comprendre, les gens devant n’avancent pas, on attend encore plus…

Le parcours devient un enfer mental et émotionnel.

Le golf enseigne la patience. Il enseigne à lâcher prise quand ça n’est pas le moment d’être dans le contrôle. Il enseigne que la réussite est dans la somme d’instants efficaces.

La seule façon de réussir au golf est de se focaliser sur le processus, sur la routine qui permet de se mettre dans le flow du coup.

Au golf, on appelle ça la « zone ».

Être dans le moment présent

La clé pour réussir est cet état de flow, la « zone ».

Cet état qu’on touche du doigt par moment et qui s’échappe. Cet état qu’on cherche alors à retrouver, à reproduire, mais qui n’existe justement que parce qu’on ne le cherche pas.

Il ne se trouve pas, il arrive.

Tout disparaît, on ne devient personne, sans objectifs, sans buts, juste avec cette vision posée sur la trajectoire de la balle.

Vision. Intention. Abandon.

On laisse faire, on s’abandonne pour faire confiance au corps, à l’entrainement, à la pratique. Dans cet instant, tout semble si simple, si fluide. Cette impression d’être là sans être là est magique, sans doute un des états les plus puissants que j’ai pu vivre.

C’est pour créer cet état que tous les bons joueurs de golf ont toujours la même façon d’approcher leur coup.

Observez et chronométrez la routine d’avant-coup d’un bon joueur et vous verrez que c’est toujours la même chose, les mêmes gestes, le même rythme, la même durée, souvent au dixième près.

La routine devient une alliée. Elle sert à préparer le terrain à la zone, à sortir de sa tête, de l’envie de contrôle et à laisser faire.

On apprend à oublier, à arrêter d’anticiper.

Rien ne sert de penser au coup d’avant ou au coup suivant, il n’y a que cet instant qui compte. Réussir à se concentrer, à faire le vide, plusieurs fois pendant le parcours est sans doute ce que j’ai le plus appris du golf.

Le golf enseigne l’importance des routines et des systèmes.

Évoluer c’est réduire l’écart entre le pire et le meilleur

Un grand joueur de golf dont j’ai oublié le nom a dit un jour que sur un parcours de 72 coups, seuls 6 ou 7 se déroulaient comme il avait prévu. Le reste n’était que des erreurs.

Le choc.

Ça a changé ma vision du golf, et du monde.

La différence entre un bon joueur de golf et un mauvais joueur est l’écart entre ses meilleurs coups et ses mauvais coups. Un bon joueur va rater la cible de quelques mètres. Un mauvais la ratera de plusieurs dizaines.

Le golf enseigne que les erreurs sont inévitables et que le but est d’en réduire les conséquences.

Au golf, celui qui gagne est celui qui a fait le moins d’erreurs coûteuses. C’est aussi comme ça qu’on évolue le mieux dans la vie.

Le golf rend humble.

J’ai été battu en match par des personnes âgées qui avaient du mal à marcher sur le parcours, avec des swings qui font se questionner sur la véracité des lois de la physique.

Ils s’en foutaient du beau, de la technique, de la distance. Ils avaient compris qu’il suffisait de faire moins d’erreurs.

J’ai appris à remplacer le perfectionnisme par l’efficacité. J’ai appris à réduire l’écart entre mon moi idéal et mon moi zéro.

Si vous ne voulez pas voir qui vous êtes vraiment, ne jouez pas au golf

Percey Boomer

Le golf est un jeu infernal.

Il n’y a pas d’adversaire, il n’y a personne à battre d’autre que soi.

Ça n’est pas un hasard s’il est pratiqué par de nombreux sportifs de haut niveau.

Le golf met face à soi, on ne peut pas y échapper.

Il enseigne la responsabilité.


La chance de mon premier swing m’a fait découvrir le golf.

Le golf m’a aidé à mieux me connaître, à développer des compétences essentielles, ce que j’appelle des compétences primaires, qui surpassent toutes les autres.

Plus que ça encore, le golf m’a préparé à mon métier d’accompagnant.

J’avais oublié tout ça.

Nos activités nous plaisent parce qu’on y trouve ce qui nous met en joie, ce qui nous anime, ce qui nous met dans ces états de « zone » si particuliers.

Parfois, on cherche de nouvelles choses, dans la thérapie, le développement personnel, de nouvelles techniques, etc.

Parfois, c’était déjà là.

Écrire cet article m’a fait du bien. Il m’a rappelé de bons souvenirs.

Il m’a surtout reconnecté à des apprentissages et des expériences magiques, à cet état de « zone », à ce rapport à l’erreur, aux difficultés et à bien d’autres choses.

Peut-être que ça vous arrivera à vous aussi si vous repensez à vos activités.

Et si vous avez envie de le partager et d’en discuter, on se retrouve sur mon canal Telegram ou sur Facebook avec plaisir.

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.