Je suis rationnel, pragmatique et je perçois bien les choses.
Je ne suis pas stupide.
J’appréhende bien les situations.
J’arrive à comprendre comment fonctionnent la plupart des gens.
Mais quand il s’agit de ce que je fais et produis…je suis à côté de la plaque.
Je peux parler vite parce que je pense que ça n’intéresse personne.
Je ne suis jamais satisfait de ce que je publie. D’autres l’ont déjà dit, en mieux.
Je fais une formation ? Il n’y aura personne.
Un jour, tout le monde découvrira que c’est du flan.
Une fraude.
Beaucoup pensent que je plaisante ou que je dis ça pour les rassurer, mais non, c’est ce que je ressens.
Les joies du syndrome de l’imposteur.
Après des années à partager ma vie avec, voici 3 choses qui m’ont aidé à en faire un ami plutôt sympa.
Vous êtes meilleur que vous ne le pensez
J’ai longtemps cru que ce que je faisais bien était normal, que tout le monde savait le faire.
Et je croyais aussi que tout ce que je n’arrivais pas à faire, les autres savaient déjà le faire.
Et bien sûr, jamais sur des choses basiques. Non, non. Trop facile.
Sur tout ce qui forge ma zone de génie et mes forces.
Comment construire sur ses forces quand on ne les voit pas ?
Le syndrome de l’imposteur a tendance à toucher des gens performants parce qu’ils ont du mal à exprimer comment et pourquoi ils le sont.
Quand on n’arrive pas à mettre le doigt dessus, on diminue ses réussites et sa valeur en créditant des choses qui ne dépendent pas de nous : la chance, les autres, le bon endroit au bon moment…
Et bien sûr, quand ça ne va pas, il n’y a qu’un seul coupable : nous, notre insuffisance et notre incompétence.
Pour éviter ce problème, il est bien d’écrire ses réalisations personnelles et professionnelles, les choses qu’on fait facilement, et se poser la question suivante :
« Si un inconnu me faisait part de ces réalisations, quelles seraient mes conclusions ? »
Et si vous vous dites « oui je sais j’ai compris », vous êtes dans l’erreur.
Tant que vous ne l’avez pas écrit, que vous n’avez pas pris le temps de développer cette conscience et la connaissance de vous, vous ne savez pas.
Vous croyez seulement savoir.
L’écrire est libérateur.
La malédiction du savoir
La malédiction du savoir, c’est lorsque vous avez intégré quelque chose, que vous le connaissez depuis si longtemps et si bien, que vous ne pouvez pas imaginer que d’autres personnes ne le connaissent pas.
C’est sans doute une des composantes les plus importantes du syndrome de l’imposteur.
À mes débuts en hypnose, au salon Zen, je devais animer un atelier sur les émotions devant une quinzaine de personnes, l’ami qui devait le faire ayant une extinction de voix.
Je n’avais rien préparé, je n’y connaissais pas grand-chose et je ne savais pas quoi dire.
Vu qu’on m’avait empêché de fuir, j’ai été obligé de le faire.
J’ai dit des choses d’une simplicité effarante.
Je leur ai fait faire un exercice d’auto-hypnose que tout le monde connaît, la base de la base de la base. Un truc à la con avec des mains qui se rapprochent.
Ça n’a fonctionné que sur une petite partie du groupe.
Je n’étais pas fait pour ça, j’avais du me tromper de voie, sans doute que je devrais dire oui à certaines opportunités et retourner dans l’informatique.
Mais certains ont pleuré.
D’autres sont venus me dire merci.
J’avais aidé des gens avec quelque chose de nul et affligeant.
Ce moment a changé ma pratique et a été le début de ma quête vers moins de superflus et plus de simplicité.
J’essayais de faire avec mes clients des choses nouvelles et complexes parce que je pensais que « simple » n’était pas à la hauteur.
Rappelez-vous vos débuts. Rappelez-vous vos premières découvertes.
Nous percevons notre « nous du passé » comme très différent de notre « nous d’aujourd’hui ».
Notre perception du futur est erronée : on croit que notre « nous du futur » sera peu différent de ce qu’on est aujourd’hui.
On sait qu’on a changé.
On oublie juste de s’en souvenir.
Nous sommes tous des imposteurs
Cette prise de conscience que j’ai eue grâce à un ami – Jean Rausis – a transformé ma vie.
Voici ce qu’il m’a dit :
La seule raison qui fait que contrairement à beaucoup de gens tu passes du temps à te demander si t’es un imposteur, ou te convaincre que t’en es un, c’est parce que tu considères que certaines personnes n’en sont pas.
Donc si t’en es un, alors tu n’es pas « comme elles », ces « vraies personnes authentiquement compétentes ».
En réalité ce qu’il faut se dire, c’est qu’il y a des imposteurs que ça dérange, et d’autres qui s’en foutent.
Ceux qui s’en foutent, s’en foutent par manque d’éthique/d’empathie/de réalisme/de recul sur soi/etc.
Ceux qui ne s’en foutent pas – qui sont donc « touchés » par ce syndrome – ont en fait justement plus d’éthique/d’empathie/de réalisme/de recul sur soi/etc.
Donc être touché par ce syndrome est un signe de force, pas de faiblesse.
Jean Rausis
Merci Jean.
Le syndrome de l’imposteur n’est pas un problème de manque d’estime de soi.
C’est un problème d’ego.
Croire que d’autres sont différents c’est croire qu’on peut être différent, spécial ou meilleur que les autres.
Ce sont les pièges de la différence.
Nous ne le sommes pas.
Faites la paix avec votre syndrome, faites-en votre ami, votre force.
Le but est de devenir de moins en moins imposteur en progressant jour à après jour.
On l’est un peu moins que la veille, mais on le restera toujours, car de belles choses se cachent dedans.