Le manque de sens est un problème classique qui peut parfois cacher des enjeux émotionnels complexes.
S’il y a bien des aspects que je n’évoque pas ici et qui sont propres à chacun, j’ai souvent remarqué que ceux qui manquent de sens cherchent au mauvais endroit.
Ils cherchent à changer ce qu’ils sont pour s’adapter à leur vie, au lieu d’adapter leur vie à ce qu’ils sont.
Ils vont réfléchir à ce qu’ils veulent faire, pensant que ça va les aider à être heureux, à trouver du sens.
Le problème, c’est qu’ils raisonnent en termes d’objectifs.
Le problème des objectifs
Atteindre un objectif c’est chercher à aller d’un point A à un point B.
Pour aller d’un point A à un point B, il faut une destination, pour savoir où on va et un chemin, qui permet d’y aller.
Ça donne, par exemple :
- Destination : devenir praticien en hypnose
- Chemin : suivre une formation en hypnose
Ça paraît logique, mais les objectifs deviennent vite des pièges, les objectifs se multiplient, créent de la charge mentale et limitent notre bonheur.
Mais surtout, les objectifs réduisent le champ des possibles et ont tendance à nous faire oublier l’important.
Les objectifs qu’on choisit sont étriqués par nos limites inconscientes.
- « J’aimerais plus de clients par jour »
- « J’aimerais faire 3 jours de cabinet par semaine »
- « J’aimerais changer de travail, faire quelque chose qui me plait »
Penser plus grand va paraître impossible, à cause de nos limites.
Raisonner en termes de destination est un raisonnement à court terme, c’est raisonner en termes de but et de projet à atteindre.
Cette façon de faire empêche de trouver un sens qui tient sur la durée, elle empêche de sortir de ses limites.
C’est ce qui va créer de la perte de sens sans qu’on s’en rende compte.
Je propose d’oublier la destination, et de choisir à la place une direction.
Laissez-moi vous montrer.
La direction est une meta-intention
Choisir la direction c’est commencer par définir votre mode de vie idéal.
- Quel mode de vie avez-vous envie d’avoir ?
- Comment avez-vous envie de dépenser votre temps ? (dépenser, pas passer.)
Raisonner en termes de mode de vie engage dans une direction et pose une intention.
Le mode de vie est déconnecté de ce qu’on fait et tient en une phrase courte.
Il est souvent presque impossible, inaccessible, grand.
S’il semble accessible facilement, c’est probablement une limite qui s’exprime, c’est l’indice d’un raisonnement à court terme.
Le mode de vie doit présupposer la façon de dépenser son temps pour gagner sa vie.
Par exemple :
Je veux pouvoir travailler 4h par semaine, depuis partout dans le monde, en gagnant bien ma vie.
Mon mode de vie idéal
Ce mode de vie ne convient pas à tout le monde, d’autres ont besoin de plus d’action, d’être entourés de personnes, d’équipes, de groupes.
Chacun trouve son mode de vie en fonction de ses valeurs et de ses fonctionnements.
Derrière ce mode de vie il y a des valeurs familiales, des besoins personnels (tranquillité, liberté) et beaucoup de choses, c’est pas juste un concept ou une idée sympa, le « bien gagner ma vie » est un tout petit aspect de ce qui se cache derrière cette phrase.
L’important est de comprendre qu’il n’y a pas de projet associé.
Je ne précise pas ce que je fais, je précise uniquement comment je veux vivre ma vie.
C’est ça la direction : cette meta-intention liée au mode de vie.
Une destination est un objectif fini, une direction est permanente.
Un objectif est SMART : Spécifique. Mesurable. Atteignable. Réalisable. Temporel.
Une direction n’a rien de spécifique, elle est large, elle tient en une phrase.
Une direction pose une meta-intention, qui ouvre un chemin, et ce qui donne du sens, c’est notre façon d’arpenter le chemin.
La clé est de trouver ce qui met en joie.
Arpenter le chemin avec joie
Ce qui nous met en joie se cache dans les détails.
S’il y a plusieurs façons de trouver ce qui nous met en joie, pour cet article, je vais mettre l’accent sur seulement deux :
- Dans ce qu’on trouve dans nos activités
- Dans ce que nous disent les autres de nous
Je retiens ces deux-là, car ce sont des choses qui changent peu au cours de notre vie.
1. Dans les activités :
Dans les activités qui nous mettent en joie se cachent ce qui nous nourrit.
Pourquoi je ne vois pas le temps passer quand je joue aux jeux vidéos ? Certains jeux m’ennuient d’autres non, pourquoi ?
Quand j’explore cette activité, il ressort plusieurs aspects :
- L’optimisation de mon personnage : je suis dans la quête de l’efficacité, de la simplicité et du pragmatisme.
- Connaître tous les personnages du jeu et tous ses détails
- Les échanges et le partage : j’aime les jeux en groupe, partager avec les autres et les aider à améliorer leurs compétences, j’écris souvent des guides et je fais des vidéos.
Quand j’explore le golf, il en ressort plusieurs aspects :
- Optimiser et simplifier mon jeu. Sortir de la technique complexe et faire avec ce que je suis.
- Connaître toutes les techniques et tout ce qui existe sur le sujet du golf
- Définir une stratégie de jeu et d’entraînement efficaces
- Décider et faire avec les conséquences de la décision
- Apprendre la patience, le moment présent et créer un état de flow
Le jeu m’intéresse moins que ce qu’il nourrit.
Si je résume ce qui me nourrit dans mes activités, ça donne :
- Optimiser et simplifier
- Échanger et partager
- Transmettre
- Apprendre
- Comprendre
- Décider et assumer
Prenez le temps d’explorer vos activités : qu’est-ce qui vous en joie dans vos activités ? Qu’est-ce qui fait que vous les aimez ? Qu’est-ce qu’elles nourrissent ?
2. Dans ce que disent les autres de nous :
Pendant mes stages, on se marre pas mal, on m’a souvent dit « tu devrais faire un one man show ». Pourtant, je n’aime pas la scène, je n’aime pas être en public.
Dans mes séances, on m’a souvent dit « vous êtes rigolo vous, ça change ».
Ce sont des indices de ce qui met en joie.
Si ça a l’air évident, beaucoup de personnes n’y font pas assez attention car ça passe sous le silence de la normalité.
J’aime faire des blagues, j’aime caricaturer, j’aime rire, j’aime provoquer, j’aime l’autodérision, j’aime me prendre en exemple avec humour et montrer que moi aussi je suis passé par là.
On me dit aussi souvent que j’écris « bien », que j’ai un style, une voix, que je devrais écrire des livres.
On me dit souvent que je lis bien les gens, que je vois vite ce qui leur pose problème et que je connais bien l’humain.
Si je résume, ça donne :
- L’humour
- L’auto-dérision
- L’observation
- L’écriture
- L’interaction avec le groupe
- La connaissance de l’humain
Demandez-vous : qu’est-ce que disent les autres de vous ?
Ensuite, il s’agit de condenser ce qui vous met en joie en 6 verbes d’action maximums.
Certains se ressemblent et se rejoignent, regroupez-les.
Pour moi, ça donne :
- Savoir
- Simplifier
- Transmettre
- Apprendre
- Se marrer
- Échanger
Surprise ! L’écriture est absente, pourtant c’est un sujet qui me passionne, sur lequel je travaille beaucoup, et que je recommande à plein de gens.
Alors, pourquoi je ne mets pas l’écriture ?
D’une part, parce que l’écriture n’émerge pas suffisamment de l’exercice.
D’autre part, elle est cachée dans les 6 points.
L’écriture est un moyen de faire ce qui me nourrit : l’écriture est le moyen que j’ai de simplifier, de transmettre, d’apprendre, de mieux communiquer et d’échanger.
Je n’écris pas parce que j’aime écrire, j’aime écrire pour ce que ça me permet.
Faire la différence entre les moyens et nos motivations profondes est un changement de paradigme important, je l’aborde longuement dans ma formation expert du changement.
Un bon chemin est celui qui n’a pas de fin
Le chemin est une intention, différente de la meta-intention posée par la direction.
Une intention qui focalise, qui donne un axe, qui se sent dans la façon d’être, de parler, de travailler, d’agir et de se comporter.
Elle permet d’accepter l’inconnu, les risques, les difficultés, le long chemin de la réussite.
Cette intention tient en une phrase courte, comme dans Startrek et la mission de l’Enterprise.
« Explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations et au mépris du danger, avancer vers l’inconnu. »
C’est une intention qui donne à chaque épisode une nouvelle destination.
La vie est un ensemble de destinations qui émergent d’un chemin – d’une intention – qui met en joie.
Cette intention naît des 6 points que vous avez notés dans l’étape précédente.
Voici les miens :
- Savoir
- Simplifier
- Transmettre
- Apprendre
- Se marrer
- Échanger
Ce qui donne, en 1 phrase :
Apprendre et savoir de nouvelles choses et les simplifier pour les transmettre et les partager aux autres en se marrant.
Sens = direction + chemin
Pour que ce que vous faites ait du sens, il faut avoir, dans tout ce que vous faites :
- La meta-intention de votre direction
- La joie de votre chemin
Ce qui donne pour moi :
- Je veux pouvoir travailler 4h par semaine, depuis partout dans le monde, en gagnant bien ma vie.
- Apprendre et savoir de nouvelles choses et les simplifier pour les transmettre et les partager aux autres en se marrant.
Tout ce que je fais doit servir ma meta-intention et je dois trouver dans ce que je fais tout ce qui me met en joie.
L’avantage de penser de cette façon est que même les choses difficiles deviennent faciles.
Je peux travailler beaucoup car je sais que ce que je fais sert ma direction, ma meta-intention.
Et si je travaille beaucoup, mais que ça respecte ce qui me met en joie, je n’ai plus vraiment l’impression de travailler…
Il faut les deux.
Depuis longtemps ma meta-intention m’anime, c’est ce qui fait que j’ai quitté l’informatique, que j’ai lancé mon premier site puis laurentbertin.com.
En quelques années, j’ai atteint ma direction, et j’ai sombré. J’ai déprimé, je me suis éloigné des réseaux sociaux : la réussite est devenue le début de la fin.
Sans m’en rendre compte, ma direction était devenue une destination, un but à atteindre.
Elle m’a fait oublier l’essentiel : la joie.
Je me suis transformé en machine à buts au lieu de maintenir ce qui me mettait en joie. J’ai commencé à arrêter de faire ce qui fonctionnait, j’ai arrêté d’écrire, de faire des podcasts, de partager avec les autres sur les réseaux. Je laissais s’éteindre ce qui me mettait en joie, ce qui m’a mis dans un cercle vicieux, celui du « à quoi bon ».
Aujourd’hui, ma direction n’a pas changé, c’est un cap que je maintiens, pas un but que je cherche à atteindre.
J’ai reconnecté ce qui me manquait, la joie.
Il faut les deux : l’absence de l’un ou l’autre et c’est la perte de sens.
Que faire quand ça n’est pas le cas ?
Vous avez deux options :
- Changer votre façon de faire
- Changer ce que vous faites
1. Changer votre façon de faire consiste à approcher ce que vous faites autrement.
Si vous aimez l’humour et la simplicité, mais que vous faites du déprimant et du compliqué, vous pouvez décider d’orienter votre façon de travailler d’une autre façon. Vous ne changez pas ce que vous faites, vous changez votre façon de le faire.
C’est de cette façon que certaines personnes retrouvent une immense joie et un sens perdu sans changer de métier.
C’est de là qu’ont émergé mes nouveaux projets.
Je ne change pas ce que je fais (écrire, partager, créer des programmes, faire du coaching), j’ai changé ma façon de le faire.
J’ai reconnecté ce qui me met en joie, ce qui a fait émerger de nouveaux projets, de nouvelles destinations.
J’écoute ma joie avant tout le reste. Je lance un projet, ça ne met pas en joie, je change. J’ai décidé de donner à ma joie la priorité.
2. Changer ce que vous faites arrive lorsque le décalage entre votre direction est trop grand avec ce que vous faites aujourd’hui. Vous n’êtes pas pressés, c’est une direction, pas un but à atteindre.
Exemple : si vous voulez travailler 2h par jour, mais que votre agenda est plein tous les jours, il faut commencer à changer votre façon de travailler.
C’est ce que j’ai fait quand j’ai quitté un grand centre de formation : travailler les weekends et être au bureau toute la journée n’allait pas dans ma direction.
Vivre de cette façon ne me mettait pas en joie, ça se sentait, ça me rendait aigri et désagréable.
Je suis parti, je ne savais pas encore où ça me mènerait. Suivre ma direction et écouter ma joie ont fait mes projets sur Hypnoscient, les supervisions, les stages et mes formations en ligne.
Le sens et la joie inspirent les autres
Votre direction, c’est ce qui inspirera les gens.
Votre philosophie de vie, votre façon de voir la vie est ce qui fera que les gens demanderont comment vous faites, et qu’ils voudront faire comme vous.
Votre chemin, votre joie, c’est ce que les gens « achèteront » de vous.
Les gens n’achètent pas ce que vous faites, ils achètent comment vous le faites et ce que vous êtes quand vous le faites.
Ça fonctionne dans tous les domaines de la vie :
- Dans les rencontres et les relations affectives, votre direction et votre chemin définissent ce que vous attendez d’une vie de couple
- Dans l’éducation des enfants, votre direction et votre chemin définissent comment et à quoi vous allez les éduquer
- Dans le travail…
- Dans vos activités…
Documentez votre chemin : écrivez et partagez vos projets, vos envies, votre direction, votre philosophie de vie, ce qui vous anime et vous met en joie. Partagez vos centres d’intérêt et ce qui vous fait kiffer.
Les autres s’intéresseront à votre chemin.
Ils auront envie de parcourir le même.
Ils vous demanderont comment vous faites.
Le chemin que vous empruntez deviendra ce qui inspirera les autres à vous suivre.
Le chemin que vous empruntez deviendra ce que vous transmettrez aux autres.
Les projets, les opportunités émergeront de votre direction et de votre chemin.
Oubliez les destinations, laissez les opportunités se présenter.
Prenez une direction.
Arpentez-là avec ce qui vous nourrit au quotidien.
La vie fera le reste.