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Imaginez.

Un film commence et vous voyez le héros qui se saoule au bar. Tous les soirs.

Et tous les soirs, il rentre chez lui en voiture, tant bien que mal.

Vous allez vous attendre à ce que cette scène soit utile, que ce qu’elle raconte soit utilisé plus tard et que le comportement du héros ait des conséquences.

Le film se termine et il n’y a eu aucune conséquence. Ce début de film n’a servi à rien.

On vous a fait une promesse qui n’a pas été tenue.

Vous parlerez plus de cette promesse non tenue que du film.

Parce que dans une histoire, tout doit avoir un sens.

Tout doit avoir une cause.

Et chaque cause digne d’être incluse dans l’histoire doit avoir un effet.

C’est la règle du Fusil de Tchekhov

Supprimez tout ce qui n’est pas pertinent dans l’histoire. Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là. 

Dans Elements of Fiction Writing: Scene and Structure, Bickman explique l’importance de la cause et de l’effet dans la narration : 

…la fiction doit avoir plus de sens que la vie réelle pour que les lecteurs la trouvent crédible.

Le manque de sens dans une histoire nous perturbe et est quelque chose dont on se souvient bien.

Dans la vie, c’est différent.

Par exemple, les chances de se faire prendre à conduire en état d’ivresse sont si faibles que vous pourriez traverser le pays en voiture en long en large sans vous faire arrêter. 

Certains pourraient se dire : « Cool ! Aucun problème à rentrer chez soi après quelques verres alors ! »

Pas de conséquence.

La vie ne suit pas la règle des histoires.

C’est ce qui fait qu’on maintient des comportements idiots ou dangereux pour soi et les autres.

Mais que se passe-t-il si on s’imagine être dans une histoire ?

Faire comme si

Que se passe-t-il si on faisait comme si on était dans une histoire ?

Comme si tout avait un sens et des conséquences ?

On peut le faire avec un angle négatif :

  • Qu’arrive-t-il à un héros qui attend d’être prêt pour se lancer ?
  • Qu’arrive-t-il au héros qui prend chaque année de bonnes résolutions, mais qui ne change jamais son mode de vie ? 
  • Qu’arrive-t-il au héros qui refuse de s’engager avec qui que ce soit parce qu’il attend son partenaire « parfait » ? 

Ou un angle positif :

  • Qu’arrive-t-il au héros qui travaille sur son livre pendant une heure chaque matin ? 
  • Qu’arrive-t-il au personnage qui se regarde dans le miroir et dit « Putain y’en a marre ! », enfile ses chaussures et part courir ?
  • Qu’arrive-t-il au solitaire qui essaie de rencontrer une nouvelle personne chaque jour ? 

Si on était scénariste et qu’on devait écrire les réponses à ces questions, elles seraient évidentes.

Mais on ne voit pas ces angles morts dans nos vies.

Parce que la vie n’est pas une histoire, tout n’a pas de sens ni de conséquence.

On croit qu’on peut tromper le système, que les règles du jeu ne s’appliquent qu’aux autres.

C’est là qu’on se prend les leçons les plus difficiles de la vie.

Les histoires sont belles, mais dangereuses.

Elles font qu’on se fait avoir par les promesses impossibles des magazines et des publicités.

  • Comment j’ai réussi à gagner 50 000 euros par mois en travaillant 1h par semaine.
  • Comment j’ai réussi à perdre 20 kilos sans changer mon régime alimentaire
  • Comment j’ai transformé ma vie sans rien changer

On aime les raccourcis qu’elles racontent, on les aime parce qu’elles nous évitent la souffrance de l’effort et du chemin.

Elles nous font croire aux exceptions, à la chance sur un million.

Elles nous font oublier les statistiques.

« Mon oncle il a fumé et bu toute sa vie et il est mort à 94 ans alors… »

Alors quoi ?

Alors oui, peut-être que les règles des histoires ne s’appliquent pas à nous.

Peut-être qu’on aura de la chance.

Mais quand on fait comme si, qu’on imagine ce qui arriverait à notre personnage dans une histoire écrite par quelqu’un d’autre, on voit un peu plus clairement le mur dans lequel on fonce.

Passer à la troisième personne permet de mieux voir les choses.

Rester à la première personne conserve les angles morts.

On voit clairement qu’on essaie de tricher avec le système.

D’avoir le beurre et l’argent du beurre.

Qu’on se ment.

Alors, regardez votre vie et demandez-vous : qu’arrive-t-il à mon personnage ? 

Progresse-t-il vers ce qu’il veut ? 

Ou est-ce que le public lui crie dessus de frustration pour une promesse non tenue ?

Vers quelle fin mènent ses décisions ? 

Bref, que deviendriez-vous si vous étiez dans une histoire ?

Essayez, c’est puissant.

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.