Ce billet est fondamental. Il parle de concepts essentiels à la compréhension de l’humain et qui peuvent avoir un impact important sur le regard que vous portez sur vous, sur la vie et sur les choses.
Je vous recommande vivement de prendre le temps de l’intégrer et de revenir régulièrement dessus.
La foi se développe en 3 stades.
Ces stades sont tirés du modèle de Ken Wilber dans son livre Eye to Eye: The Quest for the New Paradigm (Les trois yeux de la connaissance), qui permet d’expliquer les étapes du développement spirituel.
C’est le modèle du « Pre-Trans Fallacy » (la confusion Pré-Trans) qui s’applique à de nombreux domaines, et pas seulement à la spiritualité.
La confusion pré-trans
Ken Wilber exprime que dans un domaine, quel qu’il soit, on confond souvent le stade du non développé avec le stade développé, car aucun des deux ne représente le stade rationnel si cher au monde occidental.
« Trans » est pour non-transformé / transformé, auxquels j’ai préféré non-développé / développé.
On peut l’illustrer avec la courbe en cloche (The Bell Curve), qui fait référence à la répartition théorique de la population par QI et qui sert de mème sur Internet.
Les deux extrêmes du spectre disent la même chose, sauf que le stade développé résume en une phrase des années de recherche, de travail et d’évolution personnelle.
Le stade rationnel est un passage obligé, si on ne le traverse pas, il est fort probable qu’on soit encore du côté non-développé de la courbe.
C’est le but des professeurs, des guides et des mentors, ils aident à sortir du stade non-développé.
Les meilleurs vont encore plus loin et aident à sortir du stade rationnel, sans doute le plus difficile, parce qu’il faut en être soi-même sorti.
Ça s’applique aussi à d’autres domaines, et s’en rendre compte permet d’éviter d’être piégé par la procrastination active et aide à avoir conscience du risque d’oublier la simplicité.
Si vous vous êtes déjà intéressé à la prise de notes et aux meilleures façons d’apprendre et de vous souvenir de ce que vous lisez, vous connaissez ce phénomène :
Le stade du « rationnel », celui du trop réfléchi et qui en fait trop, qui utilise 10 logiciels interconnectés, applique toutes les méthodes de prises de notes. C’est la sortie du simpliste au prix de la simplicité.
Je suis passé par là, j’ai testé des tonnes de choses compliquées, ça avait l’air bien, mais je passais plus de temps à gérer les choses qu’à prendre vraiment des notes.
J’ai fini par tout simplifier à nouveau. Mais c’est parce que j’ai fait compliqué que je sais faire simple.
Mes formations, comme expert du changement ou expert du questionnement, appliquent ce modèle. Traverser le dense et le complexe pour intégrer la simplicité qui se cache derrière.
Pas toujours facile, mais je préfère ça que les recettes simplistes, et c’est à mon sens un passage obligé auquel personne ne peut échapper si on souhaite intégrer les concepts et pas seulement les appliquer bêtement.
Le modèle de Ken Wilber exprime le simpliste et la simplicité.
Les deux se ressemblent et cette ressemblance empêche ceux dans le stade rationnel d’évoluer.
La simplicité est un art et demande un haut niveau d’expertise, mais ça ne se voit que pour l’œil averti.
C’est ça le « pre-trans fallacy » de Ken Wilber : on confond le simpliste et le stade évolué de l’expertise et de la simplicité.
C’est un concept majeur à connaître et à comprendre, car on essaye de sauter le stade rationnel, on veut éviter l’effort et le travail qu’il demande, ça crée de la frustration, un manque d’estime de soi, des doutes, des peurs et finit par nous enfermer dans le stade non-développé.
En bref, lorsqu’on a l’impression de ne pas en savoir assez et en même temps d’en savoir trop, d’être meilleur qu’hier, mais toujours aussi mauvais, c’est qu’on est dans le stade rationnel.
C’est en partie pour ça que je dis tout le temps que le manque de légitimité est bon signe quand on débute dans l’accompagnement (et dans n’importe quel domaine).
Et ce modèle s’applique aussi à la foi et à la spiritualité.
Les 3 stades de développement de la foi
Voici les 3 stades.
La foi aveugle, irréfléchie, celle du fanatique, du simple d’esprit : il croit parce qu’il faut croire, parce qu’il est formaté ou parce qu’il n’a pas le niveau de conscience et de réflexion pour aller plus loin.
J’ai été là un moment, comme une crise d’ego spirituelle, une façon de sortir de ma torpeur du tout mental et tout matériel dans lequel j’avais passé le plus clair de ma vie.
Je voulais croire, mais je ne croyais pas vraiment, je savais encore moins.
La foi du rationnel, que je connais bien, cette période qu’on connaît une fois qu’on sort de la foi aveugle.
La foi de l’athée stéréotypé qui rejette toute notion de puissance supérieure. Celle où on s’appuie sur les découvertes scientifiques pour prouver ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
Si cela ne peut pas être prouvé scientifiquement, ce n’est pas vrai.
C’est à ce stade que le faux scepticisme commence à prendre le dessus.
Tout est remis en question, sauf ses propres croyances.
C’est la course à l’accumulation d’informations qui réfutent l’existence d’autre chose que ce qui est scientifiquement prouvé.
C’est là qu’on critique les failles flagrantes du stade de la foi aveugle.
C’est si facile d’attaquer le ridicule.
Le plus dur est si soigneusement évité.
Le plus dur est d’ouvrir son esprit à ses propres failles pour pouvoir aller plus loin. C’est long. C’est dur. Ça se fait toujours dans la douleur, dans l’exploration la plus profonde de ses souffrances et de ses peurs.
Si c’est facile, beau et agréable, c’est souvent l’indice du stade de la foi aveugle.
C’est dans l’évitement de ce stade que les gourous s’engouffrent : ils font croire qu’on peut éviter le travail de développement de soi, de la connaissance de soi qui mène à cette foi réfléchie, à cette foi en plus grand que soi. Ils enferment les gens dans cette foi irréfléchie pour pouvoir les exploiter.
Comme le montre la confusion pre-trans, c’est difficile de sortir de ce stade, car on confond la foi irréfléchie avec la foi réfléchie.
De loin, elles se ressemblent.
Alors que pas du tout.
La foi réfléchie, celle où la croyance en plus grand que soi revient, en Dieu, en l’Univers, la Nature, l’Humain.
Tous ces mots qui nous servent à désigner l’immense, l’incompréhensible et qui permettent de trouver du sens dans la vie et dans ce qui nous arrive.
Tous ces mots prennent maintenant des majuscules, parce que l’on comprend l’immensité de ce qu’ils représentent.
Cette foi revient, mais détachée d’une image statique d’un homme dans le ciel, d’anges sur les épaules et de guides qui nous parlent dans notre tête.
C’est là qu’on s’intéresse à la philosophie, occidentale et orientale, au mysticisme, que l’esprit est ouvert et curieux.
L’esprit n’est plus en quête de spirituel.
Il est spirituel.
La foi n’est plus un but, elle est là.
On n’échappe pas au stade rationnel.
On ne fait pas un saut immédiat au stade suivant, pour atteindre le niveau développé il faut traverser les deux premiers.
Le modèle de Ken Wilber est une autre façon de démasquer la fausse connaissance : le stade développé – la foi réfléchie – est passé par le stade rationnel et complexe.
C’est comme ça qu’on reconnaît les gourous et c’est comme ça qu’on évite de sombrer dans les pièges du bien-être. Le stade développé est le stade de la connaissance intégrée, du Savoir, où le travail nécessaire a été fait pour avoir un avis.
Robert Kegan en parle autrement dans son travail sur les stades de développement de l’esprit, que vous pouvez retrouver dans son livre In Over Our Heads: The Mental Demands of Modern Life.
Comment c’est assez dense et pour compléter ce billet, je vous invite à prendre le temps d’écouter cette vidéo que je donne comme bonus de ma formation expert du changement et qui résume les niveaux d’état d’esprit de Robert Kegan.
