Explorer mes attentes est sans doute ce qui a eu le plus d’impact dans ma vie.
C’est un sujet d’introspection que je recommande de faire à l’écrit.
D’abord, d’une façon générale :
- Qu’est-ce que vous attendez de la vie ?
- De votre conjoint ? De l’amour ? Du couple ? De vos enfants ? De vos parents ? (le faire au passé fonctionne aussi, s’ils ne sont plus là).
- De votre travail ?
- De vos activités ?
- De l’argent ?
Rien que là, c’est quelques heures d’écriture.
Ensuite, il y a le quotidien.
À chaque ressenti désagréable, comme la colère, l’injustice, le manque de respect, etc. C’est ce que j’évoquais dans l’article sur la formule des émotions.
Qu’est-ce qu’on attendait de la situation qui nous a fait ressentir telle ou telle émotion ?
C’est une façon de développer la responsabilisation, de s’approprier l’expérience et d’éviter d’accuser les autres de nos ressentis.
Le but du travail sur l’attente est d’accepter l’écart entre ce qu’on attendait et ce qu’on reçoit.
C’est l’absence de connaissance de ses attentes qui crée la frustration et les conflits.
Ça a l’air simple, mais c’est assez complexe, parce qu’on mélange les désirs, les envies, les besoins, et les attentes. Avoir des désirs, des envies et des besoins est normal, mais attendre que les autres les comblent comme on le souhaite est problématique.
Les attentes sont un axe de travail majeur, qui permet de ne rien toucher au fonctionnement d’une personne, mais de l’aider à regarder la vie autrement.
Les attentes ont deux effets :
- Elles focalisent notre attention
- Elles mettent une pression sur ceux dont on attend quelque chose
Un exemple classique dans le couple et en thérapie : une personne vient travailler sur elle dans le but que l’autre « revienne », ou change.
Mais si elle veut changer dans le but que l’autre change, elle crée une attente qui a deux impacts :
- Elle va prêter attention à tout ce qui fait que l’autre n’a pas encore changé et s’irriter que rien ne change.
- Elle crée une pression ressentie par le conjoint à laquelle il résistera : plus elle attend que ça change, plus la pression sera forte, plus il va résister.
C’est un cercle vicieux : la focalisation crée plus d’attente qui met plus de pression qui crée encore plus de focalisation et ainsi de suite.
Un autre exemple fréquent chez ceux qui découvrent le développement personnel et les milieux du bien-être en général.
Une des deux personnes du couple travaille sur elle, évolue, change, découvre des techniques, se connaît mieux … bref, elle change sa vie.
Heureuse comme tout, elle a envie que son conjoint en profite aussi…
Une attente et une pression viennent d’être créées, et c’est le début de la fin du couple.
Le conjoint va sentir qu’il n’est plus assez bien comme il est et qu’il doit adhérer à ces « trucs bizarres ». Il va ressentir une pression à devoir devenir quelqu’un d’autre, et va y résister. Tout ceci va irriter et frustrer la personne qui a découvert Dieu et l’univers … et renforcer le problème.
Pire, cette personne va penser que son conjoint est en tort, car « changer c’est bien », ce qui va renforcer encore plus le problème.
Rares sont celles qui ont conscience que tout est issu de la pression originelle de leurs attentes : demander à l’autre de changer alors qu’il n’a rien demandé.
Pour s’en sortir, l’idée est de réussir à arrêter d’attendre.
C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.
En le faisant un peu chaque jour, ça devient une habitude d’attention à soi qui s’installe comme un automatisme.
L’idée est de remplacer « attendre » par « créer ».
Attendre est passif. Créer est actif.
Attendre, c’est être passif devant la vie et les autres. C’est subir nos automatismes, subir l’extérieur.
La clé est de réussir à extraire de nos attentes une création.
Si j’attends du respect, c’est que le respect est important pour moi, je dois l’incarner en respectant même ceux qui manquent de respect.
Si j’attends d’être accepté comme je suis, je dois l’incarner, en acceptant ceux qui ne m’acceptent pas comme je suis.
Si j’attends que mon conjoint m’accepte comme je suis dans la « nouvelle version de moi-même » et qu’il me laisse libre d’être moi-même, je dois l’incarner, en acceptant qu’il soit comme il est et en le laissant libre d’être lui-même.
On crée en incarnant, au lieu de subir en attendant.
C’est un travail spirituel de toute une vie, un travail de détachement et d’évolution personnelle.
Mais avoir conscience de l’impact de nos attentes sur notre vie est déjà un changement important.
Nos attentes deviennent des guides d’évolution personnelle.
Au quotidien, un peu chaque jour, on peut commencer à explorer nos ressentis de la journée, désagréables ou agréables.
Les ressentis désagréables vont aider à modifier certaines de nos attentes limitantes. L’exploration des ressentis agréables va aider à voir ce qui fonctionne quand on n’attend rien.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’y passer 5h par jour, juste de commencer, un peu, chaque jour.
Et sur ces ressentis qu’on décide d’explorer, il suffit de se poser des questions sur ses attentes, par exemple :
- Est-ce que ce que j’attendais est vraiment important ? Pourquoi ?
- Est-ce que je me donne ce que j’attendais de l’autre ? Pourquoi ?
- Est-ce que je donne à l’autre ce que j’attendais de lui ? Pourquoi ?
- Si j’attends ce ressenti, c’est que j’en ai besoin, pourquoi ? D’où vient ce besoin ? Comment puis-je le combler autrement ?
Ces questions sur les attentes peuvent transformer la vie et le rapport à soi et aux autres.
C’est un des pièges des objectifs mal posés et mal construits émotionnellement, lorsqu’ils se transforment en attente et pas en création.
C’est un vaste sujet, demain nous parlerons de comment sortir des attentes et les transformer en réalité, et de comment utiliser l’effet Pygmalion à son service.
Mais il va falloir attendre demain.