Lecture de 3 mn

Depuis tout petit j’ai l’impression de venir d’une autre planète.

J’ai toujours eu peu d’amis, peu de relations solides, je me sens mal en groupe, j’étouffe dans cette marée d’hypocrisie, de masques et de platitudes.

En 5e mon prof de maths faisait chaque jour des blagues insultantes aux élèves.

Des blagues qui aujourd’hui lui vaudraient sûrement un procès ou une marée de parents d’enfants rois lui hurlant la fragilité de leur bout de chou.

Et puis un jour, depuis le fond de la classe :

« Ah. Ah. Ah. Ça ne fait rire que vous vos blagues de merde vous savez ? »

Moi, si timide et si discret, j’avais ouvert ma gueule.

Et comme tous les tarés qui sont surpris qu’on réponde à leur position d’autorité et qu’on remette en question leur pouvoir, il brandit l’arme du respect :

« Vous ne me parlez pas comme ça ! Vous me devez le respect » avec son visage qui devenait tout rouge.

J’avais 12 ans, mais je lisais déjà assez bien les gens.

« Déchargez la frustration de votre vie ratée ailleurs que sur nous », il ne manquait plus que le connard à la fin de la phrase.

Convocation avec les parents, prof principal, direction blabla.

La totale.

Heureusement, j’ai hérité ce caractère de ma mère, et elle ne s’est pas laissée faire.

Mais j’ai eu de mauvaises notes en maths tout le reste de l’année, ma mère m’a changé de collège qui voulait me faire redoubler.

« Votre fils ne fera rien de sa vie » lui avait-on dit.

Collège privé, je suis en 4ème.

Le surveillant tapait les élèves « discrètement », une petite béquille par ci, un p’tit coup derrière la tête par là, ça me rendait dingue.

Personne ne disait rien, c’était « comme ça », c’était « normal ».

Un jour, il s’en est pris à moi parce que j’étais en retard pour le cours de gym alors que 2 classes m’attendaient.

Il m’a fait une béquille.

C’est parti tout seul.

Je me souviendrai toujours du visage des élèves et de la prof de gym.

Un mélange de peur et d’admiration pendant que je le laissais derrière moi, plié en deux au sol se tenant l’entre-jambes.

Convocation avec les parents, prof principal, direction blabla.

La totale.

3 jours de renvoi.

Il n’a plus jamais tapé personne.

Dans les deux cas on pourrait penser que j’étais devenu un héros, celui qui avait osé lutter contre l’oppression.

Et non.

Élèves, copains, profs, direction…

Tous ont essayé de m’expliquer que ce que j’avais fait n’était pas normal, que ça n’était pas bien.

Et tous trouvaient des excuses aux actes du prof de math et des surveillants.

Fuck it.

Vive la solitude si c’est pour vivre entouré de gens qui trouvent ça normal.

Pourtant, j’ai mis des années à me rendre compte et à accepter que j’ai toujours été un « guerrier », quelqu’un qui lutte contre ce qu’une majorité trouverait normal.

J’ai essayé de m’adapter, de rentrer dans le moule, de me taire, de faire comme tout le monde.

Ça ne m’a pas fait du bien, loin de là.

Au final, je l’ai cultivé, c’est devenu mon style, mon approche en thérapie, coaching et formation.

C’est devenu une quête : l‘anti-stupidité.

Chaque fois qu’une personne dans un système familial commence à apporter des changements, même si ces changements sont sains et positifs, il n’est pas rare que les autres membres de ce système fassent tout ce qu’ils peuvent pour maintenir le statu quo et ramener les choses à l’homéostasie.

Lori Gottlieb

Ramener les choses à la normale est bien plus large que la famille.

C’est la société.

De quelles façons le monde nous tire vers la normale ?

Quels efforts sont nécessaires pour maintenir nos différences ?

Si l’équilibre avec notre environnement – la normalité – est une tendance naturelle, nous devons nous battre pour maintenir nos différences.

Constamment, sans relâche.

Maintenir son unicité dans un monde qui tente de nous normaliser a donc un coût.

Un exemple parfait : l’éducation.

Des programmes d’études standardisés, à taille unique, et des évaluations arbitraires des compétences.

Nous laissons certains enfants derrière, nous en retenons d’autres.

Nous ne parvenons pas à encourager l’innovation, l’ingéniosité et la créativité. Regardez à ce sujet la conférence Ted magique de Sir Ken Robinson, une des plus vues au monde.

Les systèmes éducatifs traditionnels sont conçus pour maintenir l’équilibre.

Le monde veut que vous soyez normal.

Nos systèmes et institutions sont tous conçus pour qu’il soit facile d’être normal.

Maintenir votre unicité est possible, mais cela demandera des efforts – des efforts douloureux, constants, incessants.

Votre unicité est là depuis que vous êtes enfant.

Vous la connaissez ?

Ou comme moi vous l’avez rangée pendant des années sous le tapis ?

Retrouvez cette force.

Celle de parvenir à la connaissance de soi, à la dignité et l’intégrité personnelle, à la conviction qui nous permet d’affirmer sans doute, sans peur et sans colère :

Voilà qui je suis, voilà ce que je crois, voilà comment j’ai l’intention de vivre ma vie.

Être soi-même dans un monde qui essaye constamment de vous en empêcher est la plus grande des réussites.

Ralph Waldo Emmerson

Ne laissez pas le monde vous rendre normal.

ps : ma formation Expert du Changement permet de développer une connaissance de soi et des autres approfondie sans y passer des années ni se ruiner.

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.