Pourquoi écrire quand on peut demander à ChatGPT de le faire pour nous ?
Pourquoi écrire quand on peut parler dans un dictaphone et avoir tout de retranscrit automatiquement ?
Écrire est lent et prend du temps.
Branchez-moi à l’oral sur un sujet qui m’intéresse et je vous en parle pendant des heures sans m’arrêter.
Demandez-moi d’écrire quelques centaines de mots et tout devient moins facile.
Si des centaines d’outils existent pour nous éviter d’avoir à écrire, ils ne remplaceront pas l’écriture et ce qu’elle permet.
L’écriture est le seul processus par lequel on se rend compte qu’on ne sait pas de quoi on parle.
Écrire sur un sujet nous apprend ce qu’on en sait, ce qu’on n’en sait pas et comment penser.
Écrire sur un sujet est l’une des meilleures façons d’apprendre à son sujet.
L’écriture n’est pas seulement un moyen de partager des idées avec d’autres, c’est aussi un moyen de mieux les comprendre soi-même.
Écrire c’est découvrir de nouvelles choses pendant qu’on écrit.
Attendez-vous à ce que 80 % des idées vous viennent après avoir commencé à rédiger
Paul Graham
Un des éléments les plus importants de l’écriture est la compression des idées.
Un des exercices qu’on m’avait donné quand je faisais de l’hypnose était d’écrire 4 pages sur un thème, puis de réduire à 2 pages, puis à 1 puis à 1 phrase. C’était une façon d’apprendre la suggestion, d’apprendre à passer une suggestion de la façon la plus simple et la plus courte possible.
L’écriture et la réécriture permettent ce processus de compression.
Mal fait, les idées disparaissent, bien fait, les idées sont plus percutantes.
Écrire pour soi dans un journal est facile, on ne parle à personne d’autre que soi.
Écrire pour être lu, compris et toucher les lecteurs, c’est comprendre l’humain, c’est développer l’empathie.
Les écrits moyens sont disponibles à la pelle, il y a beaucoup de bruit, beaucoup d’informations basiques répétées et peu de choses vraiment percutantes.
Les outils comme ChatGPT ne font qu’empirer le phénomène. Ça a déjà commencé, écrire un livre grâce à l’IA, des articles, des posts, des images.
Si ces outils sont fantastiques pour inspirer et donner des idées, ils n’aideront pas à apprendre à penser, à comprendre un problème, et à développer la réflexion.
C’est foncer tout droit dans le monde de Wall-E.
Un monde où la pensée commune est disponible à la demande incitera les gens à externaliser leur réflexion.
La pensée sera déléguée.
Demain, la clarté de la pensée sera tellement rare qu’elle aura plus de valeur, pas moins.
Ceux qui ne délègueront pas leur cerveau seront récompensés.