Aujourd’hui, je laisse parler Jung & Watts.
À Kendig B. Cully, le 25 septembre 1937.
Cher Monsieur,
Vous pouvez apprendre beaucoup de psychologie en étudiant des livres, mais vous trouverez que cette psychologie n’est pas très utile dans la vie pratique.
Un homme à qui l’on confie le soin des âmes doit avoir une certaine sagesse de vie qui ne consiste pas seulement en mots mais surtout en expérience.
Une telle psychologie, telle que je la conçois, n’est pas seulement un élément de connaissance, mais surtout une certaine sagesse de vie.
Si une telle chose peut être enseignée, ce doit être par le biais d’une expérience personnelle de l’âme humaine.
Une telle expérience n’est possible que lorsque l’enseignement a un caractère personnel, c’est-à-dire quand on vous enseigne personnellement et pas de manière générale.
En Inde, depuis les temps anciens, la coutume veut que pratiquement chaque personne d’une certaine éducation, ait au moins un professeur.
Tout le monde n’a pas besoin de savoir la même chose et ce genre de connaissance ne peut pas être enseignée de la même manière.
C’est une chose qui fait cruellement défaut dans nos universités : la relation de maître et de disciple.
Et c’est en même temps la chose que vous devez avoir et que n’importe lequel de vos collègues qui veut avoir une préparation psychologique doit avoir.
Toute personne dont la vocation est de guider les âmes devrait d’abord avoir sa propre âme guidée, afin qu’il sache ce que cela signifie de traiter avec l’âme humaine.
Connaître sa propre obscurité est la meilleure méthode pour traiter avec les obscurité des autres personnes.
Cela ne vous aiderait pas beaucoup d’étudier uniquement des livres, bien que cela soit indispensable…aussi.
Mais cela vous aiderait beaucoup d’avoir un aperçu personnel des secrets de l’âme humaine.
Sinon, tout reste une astuce intellectuelle habile, composée de mots vides et menant à un discours vide.
Vous pouvez essayer de découvrir ce que je veux dire dans mes livres et si vous avez un ami proche, essayez de regarder derrière son écran afin de vous découvrir vous-même.
Ce serait un bon début.
Sincèrement vôtre,
C.G. Jung ~Carl Jung, Lettres Vol. 1, Pages 236-237.
Chacun porte une ombre, et moins elle est incarnée dans la vie consciente de l’individu, plus elle est noire et dense. Si une infériorité est consciente, on a toujours la possibilité de la corriger. Mais si elle est réprimée et isolée de la conscience, elle n’est jamais corrigée.
Carl Jung
Jung me donnait l’impression qu’il se savait aussi méchant que n’importe qui d’autre.
Il le savait avec tant de force, de clarté et d’amour qu’il ne condamnait pas la même chose chez les autres et qu’il ne se laissait donc pas entraîner dans ces pensées, ces sentiments et ces actes de violence envers les autres qui sont toujours caractéristiques de la vie quotidienne.
Ayant vu et accepté sa propre nature, il avait une sorte d’unité et d’absence de conflit dans sa propre nature, ce qui lui donnait cette complexité supplémentaire que je trouve si fascinante.
C’était le genre d’homme qui pouvait se sentir anxieux, effrayé et coupable sans avoir honte de se sentir ainsi.
En d’autres termes, il a compris qu’une personne intégrée n’est pas une personne qui a simplement éliminé le sentiment de culpabilité ou le sentiment d’anxiété au sein de sa vie et qui est sans peur, c’est une personne qui ressent toutes ces choses et qui n’a pas de récriminations contre elle-même pour les avoir ressenties et c’est dans mon esprit une sorte d’humour profond.
Alan Watts
Ce podcast sur France Inter avec Frédéric Lenoir, Christophe André et Gérard Bonnet est sympa pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur Jung.