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Lorsque vous jugez un autre, ce n’est pas lui que vous définissez, c’est vous que vous définissez.

Wayne Dyer

Trop mimi.

Juger est presque toujours considéré comme une mauvaise chose, dans le milieu du développement personnel, ça en devient presque une excuse à éviter de se remettre en question.

« T’es dans le jugement ».

Oui et ? Pas toi peut-être ?

Le jugement est vu comme un trait de caractère automatiquement négatif, à éviter.

On fronce les sourcils et on brandit l’arme de la bien-pensance et de la bienveillance. C’est un jugement, mais comme il est au service du bien, ça va. Ça passe. Qui détient la vérité sur ce qui est bien ou pas ? Moral ou non ? Selon quel point de vue ?

Tout le monde juge, c’est automatique.

C’est le rôle de notre amygdale, juger pour évaluer les situations et les personnes : bien, pas bien, dangereux, pas dangereux.

Quand le jugement est positif, tout va bien, ça flatte l’ego, ça évite de se regarder dans le miroir, ça évite la confrontation.

Mais quand il dit la vérité que personne n’ose dire, c’est moins agréable, on est « dans le jugement ».

Juger, c’est évaluer une situation, et savoir juger d’une bonne façon est une compétence importante dans la connaissance de soi et la prise de responsabilité.

Car si on apprend à écouter nos jugements sur les autres, on le fait mieux sur nous-mêmes.

C’est la forme et l’expression du jugement qui importe, pas si on juge ou pas.

Si l’on est très critique ou toxique, alors oui, forcément, c’est un problème. La forme compte.

Il n’y a pas vraiment de risque qu’on manque de jugement dans le monde.

Mais si le jugement et sa présence permanente était mis en avant dans l’éducation, bien différencié d’autres mécanismes ça irait beaucoup que mieux que des « faut pas juger » qui laissent la place à tout et n’importe quoi.

Faire de la place au jugement n’est pas pour en rajouter, mais pour l’intégrer au service de la connaissance de soi et des autres.

Le pouvoir de la première impression

Qui ne s’est jamais dit : « Ah ! Je l’savais ! J’aurais dû m’écouter ! »

D’où vient ce sentiment ? Pourquoi devriez-vous l’écouter ? Et pourquoi pas ?

Depuis des années je me fais l’avocat de faire confiance à sa première impression, que ce soit dans la vie ou en thérapie. C’est si important que c’est un module complet de ma formation expert du questionnement auquel j’ai aussi consacré 2 ateliers complets.

Le coup de foudre, la méfiance irrationnelle envers un inconnu, le « grr grr intérieur » – comme j’appelle ça en cabinet – qui nous dit que quelque chose ne tourne pas rond…nous avons tous déjà ressenti ça.

Et pourtant, que le sentiment soit positif ou négatif, peu de personnes y font attention, et encore moins l’écoutent.

C’est mal. C’est du jugement, des biais.

C’est vrai.

Mais est-ce que ça veut dire que cette impression est fausse ?

Les études montrent que ces premières impressions sont assez précises.

Au début des années 1990, Nalini Ambady et Robert Rosenthal, à l’Université de Stanford, ont demandé à des volontaires d’évaluer des enseignants sur des traits de caractère tels que la compétence, la confiance et l’honnêteté après avoir visionné des séquences silencieuses de 2, 5 ou 10 secondes de leur performance.

Les notes ont permis de prédire avec succès les évaluations de fin de semestre des enseignants et les jugements de 2 secondes étaient aussi précis que ceux auxquels on avait accordé plus de temps.

D’autres expériences ont montré une précision similaire pour les jugements sur la sexualité, la réussite économique et l’affiliation politique.

D’autres ont montré qu’on jugeait mieux le QI d’une personne en quelques secondes de lecture d’un texte que la personne elle-même.

On peut porter de tels jugements en un dixième de seconde et tout ce dont nous avons besoin pour cette première impression est un aperçu d’un visage.

Oui, une photo suffit.

Si ça ne fait pas réfléchir sur la perception du jugement, ça devrait au moins permettre de s’autoriser à se faire plus confiance dans nos premières impressions.

Oser les exprimer – de la bonne façon – et en faire quelque chose d’utile est un autre sujet.

C’est parce qu’on juge qu’on peut se transformer

S’il est important d’écouter ces premières impressions, il est important de ne pas en faire des vérités, elles peuvent aussi faire passer des préjugés infondés pour de l’intuition alors qu’ils sont en fait le résultat de nos préjugés inconscients envers des groupes sociaux spécifiques.

Et souvent, ce que beaucoup appellent « intuition », clairvoyance ou perception n’est qu’une capacité développée d’écouter ces ressentis et d’agir dessus. Si ce ne sont pas des vérités, ce sont d’excellents outils de questionnement et de connaissance de l’autre.

En accompagnement, je m’en sers comme vigilance et comme outil pour détecter les dissonances : l’écart entre ce que je vois, mes premières impressions et ce qui est dit. C’est souvent dans ces écarts que se cachent les leviers de travail.

En affectif, j’ai créé une grille de lecture atypique pour apprendre à écouter ses premières impressions et éviter de s’embarquer dans n’importe quoi. Peut-être que je la partagerai un jour.

C’est parce qu’on développe une écoute de ses jugements qu’on est capable de prendre conscience de ses biais, de ses projections, de qui on est vraiment et qu’on peut donc travailler dessus.

C’est parce qu’on est ok avec nos jugements qu’on est plus ouvert à ceux des autres, au feedback, à la critique constructive.

Savoir recevoir la critique et les jugements est une compétence clé de la confiance en soi et de l’estime de soi, mais ça sera le sujet d’un autre article.

C’est dans nos jugements qu’on trouve nos leviers de motivations les plus profonds.

Et c’est parce qu’on juge qu’on change le monde.

Le bon jugement est le résultat de l’expérience et l’expérience, le résultat du mauvais jugement.

Mark Twain

Vidéo bonus

Un des modules d’expert du questionnement que je offre car ce post a généré pas mal de commentaires et je donne plus de détails sur mon point de vue et l’importance de la première impression et sa différence avec le jugement dans cette vidéo.

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À propos de Laurent Bertin


Ancien directeur informatique dans une grande banque française, j’ai tout quitté du jour au lendemain pour devenir praticien en hypnose. J’ai développé mon cabinet, suis devenu formateur, co-directeur d’un grande centre de formation pour tout quitter à nouveau et vivre de mon activité grâce à Internet.

Aujourd'hui, je vous apprend à gagner plus, travailler moins (et mieux) et à profiter de la vie en créant votre marque personnelle pour devenir une autorité dans votre domaine.