Aux naufragés de l’ordinaire. Aux antisociaux. Aux différents. Aux atypiques. Aux inadaptés. Aux rebelles.
À ceux qui se sentent différents des autres.
Sans les autres, il n’y pas de problème de place ni de peur d’oser être soi.
Sans le groupe, il n’y a pas de peur du jugement.
À quoi ressemblent « les autres » ?
Tout le monde et personne à la fois.
Ils forment un ennemi invisible, impalpable, intouchable.
Il n’y a personne contre qui se battre…
…le perdant est toujours nous…
…alors nous nous battons à nouveau, stupides que nous sommes à attendre un résultat différent d’une même attitude…
….Et avant même de nous en rendre compte…
…toute notre vie sera passée.
Et il arrivera alors le pire : mourir avec des regrets.
Regrets qui ont toujours existé, mais dont on a remis la résolution jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Comment l’éviter ?
Le problème persiste car ce sentiment d’être différent des autres est devenu notre identité.
On peut crier haut et fort, affirmer avec fierté « JE SUIS DIFFÉRENT ».
Fini le malêtre de l’enfance, de la différence et de la perte de sens, on a enfin trouvé notre place.
Nous sommes devenus des Calimero des temps modernes.
Nous hurlons « JE SUIS DIFFÉRENT » et nous en servons comme excuses à toutes nos peurs et nos incompétences.
On a trouvé un refuge qui nous évite la véritable souffrance.
Celle qui remettrait en question notre identité.
Celle de réaliser qu’on est comme les autres, comme tous ceux qu’on méprise d’être comme les autres.
Et nous fuyons cette souffrance de la ressemblance avec l’ennemi, par l’agressivité, par la compétition, par l’isolement, par le chantage affectif, tout est bon à prendre tant qu’on peut se cacher de la réalité.
Cette réalité brutale semble si douloureuse que nous préférons perdre sans cesse contre nous-mêmes que de devenir l’ennemi.
Il nous est bien plus confortable de rester un mouton que de fournir l’effort d’essayer d’être un lion pour se rendre compte qu’on ne vaut pas mieux que le mouton d’à côté.
C’est caractéristique de ceux qui pensent tout savoir mieux que tout le monde et qui feraient mieux que tout le monde s’ils étaient à la place « des autres ».
Mais lorsque vient leur tour, seul le silence de leur incompétence fait du bruit.
Alors que si l’on prenait vraiment le temps de discuter avec les autres, de comprendre leurs motivations, leurs doutes, leurs peurs, leur histoire personnelle…
…alors on se rendrait compte qu’on est tous similaires.
Qu’il n’y avait pas de lutte, car il n’y a jamais eu de place à prendre.
Qu’il n’y avait pas d’ennemis, car nous sommes dans le même camp.
Et que le seul véritable ennemi a toujours été nous.